Senior or not senior ?

Senior ou not senior ? la question de l'âge dans l'emploi

À quel moment, à quel âge est-on considéré comme senior sur le marché du travail ? C'est une excellente question que l'on a tendance à ignorer jusqu'à ce que les acteurs du recrutement nous le rappellent brutalement.

Soyons directs : la réalité du terrain est souvent bien plus sévère que les chiffres officiels. Si l'INSEE fixe le statut de senior à 50 ans, le monde de l'entreprise tend à l'établir dès 45 ans. Et quand on est passé par le métier de chasseur de têtes, on sait que les consignes de recrutement étaient jadis très claires : « Trouvez-moi un profil jeune et expérimenté, entre 25 et 38 ans. » Autrement dit, 45 ans était déjà perçu comme « vieux ».

Des stéréotypes tenaces, mais démentis

Cette perception rigide est malheureusement monnaie courante. Récemment, l'une de mes clientes manageuses, face au CV d'une candidate de 48 ans, s'est d'abord dit : « Non, elle est trop âgée. » Pourtant, elle l'a reçue... et, surprise ! C'était la perle rare qu'elle a finalement embauchée. Cet exemple illustre à quel point les stéréotypes ont la vie dure et, surtout, à quel point ils peuvent faire manquer d'excellentes opportunités aux entreprises.

Tous les recruteurs ne donnent malheureusement pas leur chance aux candidats seniors. C'est un gâchis, car à l'heure où l'âge de la retraite est fixé à 64 ans, les seniors représentent un formidable atout.

Les avantages concrets des profils seniors

Contrairement aux idées reçues, les seniors apportent une valeur ajoutée significative qui mérite d'être prise en compte :

• Une expérience solide : Des années de travail, d'actions bénévoles ou d'engagements divers ont enrichi leur expertise et leur savoir-faire.

• Disponibilité et concentration : Leurs enfants ayant grandi, ils sont souvent plus disponibles et peuvent se consacrer pleinement à leurs missions.

• Motivation à apprendre : Ils sont motivés par l'apprentissage continu. Rester impliqué, curieux, et apprendre de nouvelles choses est un moteur essentiel qui les éloigne de l'immobilisme.

• Ouverture salariale : Beaucoup, ayant déjà atteint une certaine stabilité financière, sont prêts à revoir leurs prétentions salariales à la baisse si le poste est réellement intéressant et porteur de sens.

Et l'argument de l'« inadaptation » ? Il est souvent infondé. NON, les seniors ne sont pas « réfractaires » au numérique et aux outils digitaux. Au pire, ils nécessiteront une simple mise à jour des connaissances ; au mieux, ils se révèleront bien plus compétents que certains profils plus jeunes.

Il est temps pour le marché du travail de dépasser ces clichés et de valoriser pleinement l'expérience et l'engagement des professionnels seniors.

Caroline PINSON / Atouts RH